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jeudi 10 janvier 2013
La communauté internationale s’inquiète de la présence croissante de «vif argent» dans tous les compartiments de l’environnement, aggravée par la production d’or et la combustion de charbon. L’empoisonnement est planétaire, avec une accélération du phénomène en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. Un traité contraignant est en cours de discussion sous l’égide du Pnue.

La production mondiale de mercure est en baisse, mais les émissions de ce métal toxique grimpent en flèche. La faute à l’orpaillage (35% des émissions) et à la production d’énergie par combustion de charbon (24% des émissions) qui se développent rapidement en Afrique, en Amérique du Sud, et particulièrement en Asie. C’est pour réduire les rejets liés à ces activités industrielles et minières et s'attaquer à la pollution historique de certains sites que le premier traité mondial contraignant sur le sujet est en cours de négociation sous l’égide du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue). Un Comité de négociation intergouvernemental sur le mercure se tiendra à Genève (Suisse) du 13 au 18 janvier 2013.
Le Pnue publie ces jours-ci un rapport inquiétant sur les conséquences environnementales et sanitaires de la présence de mercure dans les sols, les milieux aquatiques et dans l’organisme des humains.
«Au cours des 100 dernières années, à cause des émissions liées à l'activité humaine, la quantité de mercure présente dans les 100 premiers mètres des océans de la planète a doublé. Dans les eaux plus profondes, la concentration de mercure a augmenté de 25%» détaille le Pnue. Grand prédateur, l’homme ingère le mercure via les poissons contaminés.

Les activités d’orpaillage sont également dévastatrices pour la santé de 10 à 15 millions de personnes, note le Pnue.
Un chiffre qui devrait croître avec le renchérissement du prix de l’or. Des techniques d’extraction alternatives utilisant peu ou pas de mercure existent, selon le Pnue, «mais les conditions socioéconomiques et la faible prise de conscience vis-à-vis des risques liés au mercure font obstacle à l’adoption de ces nouvelles techniques».

«On estime à 3 millions le nombre de femmes et d’enfants qui travaillent dans ce secteur», souligne le Pnue. Un chiffre préoccupant, tant l’exposition au mercure pendant la grossesse, via l’allaitement et lors de la croissance sont dévastateurs pour les enfants.
«Il peut provoquer des troubles comportementaux légers ou des retards de développement chez les enfants exposés in utero ou après la naissance, même en l'absence de signes toxiques chez la mère», précise l’Anses.

«Nous devons maintenant définir des objectifs nationaux chiffrés de réduction de ces rejets», précise Fernando Lugris (Uruguay), président du Comité de négociation intergouvernemental. «Il faut également œuvrer à la formalisation (du secteur de l’orpaillage), qui n'est que très peu réglementé. Cela permettra à la fois de réduire les risques sanitaires liés au mercure et de renforcer les droits des travailleurs dans le cadre du droit du travail», souhaite Fernando Lugris.

«Les négociations s’annoncent très tendues», redoute Marie Grosman, vice-présidente pour l’Europe de l’Alliance mondiale pour une dentisterie sans mercure.
L’ONG, qui espérait jusque-là arracher une interdiction mondiale des amalgames dentaires contenant du mercure, est assez pessimiste à la veille des négociations: «On sent le poids très fort des lobbies, notamment chinois et indiens, et ce dans beaucoup des secteurs industriels où le mercure est utilisé», précise-t-elle au Journal de l’environnement.

D’autres activités industrielles sont fortement émettrices de mercure. La production d’acier et de ciment (gros consommateurs de combustibles fossiles), la fabrication du polychlorure de vinyle (PVC) ou encore les industries utilisant le procédé chlore-alcali (production de chlore et de soude à partir de sel). Les soins dentaires sont aussi de grands consommateurs et producteurs de déchets de mercure (340 tonnes de mercure utilisées tous les ans, dont près de 100 t finissent en déchets), tout comme les appareils électroniques, interrupteurs, piles, ampoules basse consommation ou cosmétiques (crèmes éclaircissantes pour la peau ou mascara).

Même si la qualité des données disponibles sur le sujet s’améliore, l’estimation des quantités de mercure émises chaque année dans le monde oscille entre 1.010 et 4.070 t. Il a été récemment estimé que 200 t se déposaient chaque année dans l’Arctique. «Des études montrent que les niveaux de mercure chez certaines espèces de la faune arctique ont été multipliés par 10 au cours des 150 dernières années, principalement à cause de l'activité humaine, semble-t-il», précise le Pnue.






La pollution au mercure touche 200.000 enfants en Europe

L’intoxication au mercure affecte le développement cérébral chez l’Homme. En Europe, plus de 200.000 enfants présentent des taux de mercure largement supérieurs au seuil établi par l’OMS. Dans une étude récente, une équipe de recherche mixte, qui a pris en compte l'impact sur l'économie de ce problème sanitaire, révèle qu’en Europe, réduire les risques d’exposition au méthylmercure ferait économiser presque 10 milliards d’euros par an.

Si le mercure peut être émis de façon naturelle comme lors des éruptions volcaniques, il est principalement généré par la combustion de sources d’énergie fossile. La pollution est souvent due à la phase gazeuse du composé. En effet, dans l'environnement, et en particulier dans les lacs, les voies navigables et les zones humides, le mercure peut réagir et former un composé organique fortement toxique, le méthylmercure (MeHg). Les océans sont fortement contaminés au mercure, en raison de la capacité de bioaccumulation du phytoplancton.


La principale source d’ingestion de MeHg pour l’Homme est donc la consommation de produits de la mer. Le corps humain peut absorber 6 fois plus facilement ce composé organique que le mercure inorganique. En outre, une forte exposition au MeHg affecte le développement du cerveau. Le méthylmercure peut traverser la barrière hématoencéphalique et réagir directement avec les cellules du cerveau. S’il est trop exposé durant sa formation, le cerveau humain développe de mauvaises aptitudes à apprendre, à la suite de troubles du comportement.

Une équipe mixte européenne de recherche s’est intéressée à l’impact du mercure sur l’Homme en Europe. L’étude est basée sur le projet Democophes qui propose une étude cohérente de la biosurveillance des êtres humains. Les biologistes ont prélevé des échantillons de cheveux tant sur les enfants que sur leurs mères, et ce dans 17 pays. Les résultats d’analyse révèlent que 1.866.000 enfants nés en Europe sont exposés à des niveaux toxiques de MeHg, c’est-à-dire supérieurs à 0,58 µg/g de cheveu.

La bio accumulation dans la chaîne alimentaire. Le mercure est émis en majorité par les centrales électriques au charbon, l'industrie, les mines... Il finit dans les mers, où il se transforme en méthylmercure, très dangereux pour l'Homme. Les grands prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire, comme les orques ou les requins, ont le taux de méthylmercure le plus important.

Les enfants d’Espagne et du Portugal les plus touchés par le mercure

En outre, 232.000 d’entre eux sont exposés à des taux très alarmants. Il s’agit d’une concentration supérieure à 2,45 µg/g de cheveux, qui est le seuil d’alarme de l’Organisation mondiale de la santé. Mais tous les enfants ne sont pas égaux devant le risque. Les enfants touchés par l’empoisonnement au méthylmercure proviennent principalement du Portugal et d’Espagne.
L’équipe de recherche mixte s’est par la suite intéressée au prix de la pollution au mercure sur l’Europe. D’après leur étude, publiée en libre accès sur le site du journal Environmental Health, réduire les expositions prénatales au MeHg et nettoyer au plus possible les zones à fort taux de mercure pourraient faire économiser presque 10 milliards d’euros par an à l’Union européenne.

Le mercure est mauvais pour le QI, donc pour l'économie...

Les chercheurs ont estimé ce prix en se basant sur l’impact de la baisse de quotient intellectuel (QI) des enfants empoisonnés au mercure. L’idée est brutale mais simple : plus le QI d’un individu est bas, moins il est productif. Philippe Grandjean, l’un des auteurs, explique comment calculer ce que rapporte un certain QI. « Si nous convertissons les effets du MeHg sur le développement du cerveau en points de QI, alors les avantages du contrôle de la pollution de MeHg équivalent à 700.000 points de QI par an. Ces points représentent des bénéfices d’un montant de 8 à 9 milliards d’euros par an pour l'ensemble de l'Union européenne. La réduction de l'exposition serait principalement bénéfique pour le sud de l'Europe. »

Le méthylmercure a un cycle de vie de plusieurs milliers d’années, ce qui expose de nombreuses générations à des niveaux toxiques. Toutefois, atténuer les dommages causés par le mercure à l’échelle européenne, voire mondiale, demanderait un important travail de coopération entre les politiques. Les Nations unies sont en train d’établir un projet de nettoyage du mercure : reste à voir si le projet tiendra.



Source : Futura-Sciences



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