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mardi 27 octobre 2015
Fin juin, le Groupe de travail sur les pesticides systémiques (TFSP, pour Task Force on Systemic Pesticides) a rendu public un nouveau rapport à charge sur les effets dévastateurs de certains pesticides. Il synthétise quelque 800 études publiées dans la littérature savante sur les insecticides utilisés dans l'agriculture. 

Ses conclusions sont accablantes.

L’étude a confirmé formellement l’effondrement massif de différentes espèces appartenant à la famille des arthropodes, en plus d’un déclin effectif de différentes espèces d’oiseaux insectivores, considérés jusqu’alors comme « communs » tels que les hirondelles, moineaux ou encore les pies.

Le groupe a conclu que la nouvelle génération de pesticides, les néonicotinoïdes détenant des propriétés persistantes, systémiques et neurotoxiques ; introduits dans le milieu des années 1990, pourrait être l’une des principales origines du déclin à grande échelle de plusieurs espèces animales.

En raison de leur utilisation généralisée et croissante, le sol, les plantes, les plans d’eau et même les nappes phréatiques contiennent, aujourd’hui, des concentrations supérieures aux limites légales concernant les néonicotinoïdes ; des taux largement préjudiciables à de nombreux organismes vivants.

Les néonicotinoïdes sont devenus le groupe de pesticides le plus largement répandu au niveau mondial, avec une part de marché actuellement estimée à environ 40%, et dont les ventes se chiffrent à plus de 2.63 milliards de dollars US, en 2011.

Bien que trois types de néonicotinoïdes ont été temporairement suspendus ce printemps quant à leur utilisation sur certaines cultures dans l’UE ; ils sont encore utilisés, en particulier dans la production de betteraves et de salades. Au total, c’est plus de 2640 kg de substances toxiques qui sont répandu sur les aliments que l’on consomme, par année.

Beaucoup de plantes prisées par les abeilles, que l’on retrouve dans nos garden center sont imbibés intrinsèquement de ces pesticides. Près de 80% des plantes ornementales se sont avérés contaminés par les néonicotinoïdes, et ceux sur toute l’Europe.

L’impact sur les vers de terre est particulièrement préoccupant. Les vers de terre jouent un rôle crucial dans la sauvegarde de la fertilité des sols et pour la nourriture de nombreuses espéces. Ils aèrent et mélangent le sol, contribuent à la minéralisation des nutriments et de leur absorption par la végétation. Les vers de terre sont constitués de plusieurs éléments présents dans les sols ; il faut savoir qu’un vers possède 5 fois plus d’azote, 7 fois plus de phosphates et 11 fois plus de potassium que le sol environnant.

Une autre étude néerlandaise publiée dans la revue Nature en juillet 2014 confirme cette catastrophe en cours

Déjà soupçonnés de tuer les abeilles, les insecticides néonicotinoïdes affectent également les oiseaux, en décimant les insectes dont ils dépendent pour se nourrir.

Pour leur part, les chercheurs néerlandais ont constaté une baisse des populations de 15 espèces d'oiseaux différentes de 3,5% par an, entre 2003 à 2010, dans des régions des Pays-Bas où l'eau de surface contenait des concentrations importantes de l'un de ces pesticides, l'imidaclopride, qui fait partie de trois néonicotinoïdes interdits temporairement - et pour certaines cultures - depuis le 1er décembre 2013 au niveau européen en raison de leurs effets sur la santé des abeilles.

Cette baisse coïncide avec l'utilisation croissante d'imidaclopride, substance chimique très utilisée dans le pays, souligne l'étude conduite par Caspar Hallmann, chercheur à l'université de Radboud à Nijmegen.

Les quantités utilisées de ce néonicotinoïde, autorisé en 1994 aux Pays-Bas, ont été quasiment multipliées par dix jusqu'en 2004, rapporte l'étude.

Privation de nourriture

Les chercheurs estiment que cet insecticide aurait pu avoir un effet négatif sur les oiseaux en les privant de nourriture. Les insectes constituent en effet une part importante du régime alimentaire des oiseaux en période de reproduction. Neuf des quinze espèces suivies par les chercheurs se nourrissent exclusivement d'insectes et l'ensemble des espèces en donnent à leurs jeunes pour les nourrir.

"Nos résultats suggèrent que l'impact des néonicotinoïdes dans l'environnement est même plus important que ce qui avait été rapporté dans le passé", soulignent les chercheurs.

Seulement 5% de l'ingrédient actif du pesticide est absorbé par le végétal traitée, souligne-t-il. Une grande partie de la substance pénètre dans le sol et l'eau du sol, où elle peut persister des mois voire des années - cela peut prendre jusqu'à 1.000 jours pour que la concentration diminue de moitié dans certains sols.




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mardi 8 septembre 2015
Les compagnies pétrolières française Maurel & Prom et franco-britannique Perenco font preuve de défaillances dans leur activité en Amazonie péruvienne, qui entraînent pollutions et atteintes aux droits des communautés indigènes de la région, estime un rapport publié lundi.

Ces deux entreprises sont notamment accusées de définir à minima l'aire d'influence de leurs projets, dans leur étude d'impact environnemental, excluant ainsi de nombreuses populations affectées des mesures préventives et compensatoires prévues.

Le rapport, publié par les ONG CCFD-Terre Solidaire et Secours Catholique-Caritas France, dénonce aussi des défaillances dans l'identification et la gestion des risques, qui donnent aux compagnies une part de responsabilité dans les pollutions de l'eau et des sols constatées.

Le rapport, intitulé Le baril ou la vie, a été rédigé à partir de travaux menés depuis le milieu des années 2000 par trois organisations issues de la société civile péruvienne. Il porte sur deux permis situés dans le Nord du Pérou, à proximité de la frontière avec l'Equateur, en forêt amazonienne: le bloc 116, où Maurel & Prom mène une activité d'exploration pétrolière aux côtés de Pacific Stratus Energy, et le bloc 67, où Perenco et PetroVietnam ont une activité de production de pétrole.

Maurel & Prom a rencontré les responsables des deux ONG en mai et s'est engagé à fournir des éléments de réponse précis au rapport, tandis que Perenco n'a pas donné suite à la demande de rencontre mais s'est dite prête à rencontrer les organisations locales au Pérou, précise le rapport.

Source © AFP


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vendredi 4 septembre 2015
Dans une étude parue dans la revue Plos One, les chercheurs de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) et de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) démontrent des liens entre inégalités sociales et exposition à la pollution atmosphérique à Paris.
   
"La capitale est caractérisée par des concentrations moyennes de pollution qui varient énormément selon les lieux ainsi que par une variété de quartiers accueillant des populations aux profils socio-économiques variés", soulignent les chercheurs. 

Dans cette étude, ces derniers ont analysé les causes de 79.107 décès survenus à Paris chez les habitants de plus de 35 ans entre 2004 et 2009. La majorité de ces décès (65%) concernent des habitants de plus de 75 ans. Les chercheurs ont étudié si le risque de mortalité survenu lors d'épisodes de pollution à Paris était corrélé au statut socioéconomique des quartiers.

Les zones "les plus polluées" - dont les concentrations annuelles de dioxyde d'azote (NO2) sont supérieures à 55,8 microgrammes par mètre cube - sont observées à proximité des grandes voies de trafic routier le long du périphérique, des quais de la Seine et dans le Nord-Ouest de Paris. Tandis que les habitations hébergeant les personnes les plus défavorisées sont "principalement localisées à l'est et au nord de la ville le long du périphérique".

Les résultats montrent que les résidents des quartiers défavorisés sont "plus vulnérables aux épisodes, même brefs, de pollution atmosphérique". Ainsi, une augmentation de 10 μg/m3 de la concentration de NO2 dans ces quartiers (durant une période de cinq jours maximum) entraînerait un risque de mortalité de 3,14% contre 0,81% pour les habitants des quartiers les plus riches, localisés au centre et à l'ouest de Paris. L'excès de risque de mortalité pour les résidents des quartiers défavorisés est de 4,84%, lorsque les concentrations de NO2 atteignent à long terme des seuils au-dessus de 55,8 μg/m3.

"Nous sommes face à un effet de fragilisation en continu des populations due à la pollution chronique. Les gens ainsi fragilisés sont alors « emportés » par les pics de pollution et les catégories sociales modestes en sont les principales victimes", explique Denis Zmirou-Navier, directeur du département santé-environnement-travail de l'EHESP, co-auteur.

Cette étude contribue aux travaux du projet Equit'area, piloté par l'EHESP qui analyse, via des cartographies, les interactions entre pollution atmosphérique et inégalités sociales, à Paris et sa petite couronne, Lyon, Marseille ainsi que Lille.

La ville de Paris a adopté en février 2015 son plan anti-pollution atmosphérique qui restreint notamment la circulation des véhicules les plus polluants.

Source © Rachida Boughriet /Actu-Environnement


Rose a 20 ans, elle peut à peine lire et écrire. C’est, selon ses termes, une “enfant du plomb”, comme des milliers d’adultes noirs à Baltimore, rapporte The Washington Post. L’intoxication au plomb dans son enfance – il y avait de la peinture au plomb dans son logement – a affecté durablement ses capacités intellectuelles.

Un jour, sur les conseils d’un étranger, elle a cédé l’ensemble des indemnités qu’elle avait obtenues de son ex-propriétaire (574 000 dollars, soit 510 000 euros, avec des versements échelonnés sur 35 ans) pour 63 000 dollars.

Des sociétés peu scrupuleuses

Le cas de Rose n’est pas rare à Baltimore. Freddie Gray, le jeune Noir dont la mort en avril a déclenché une série d’émeutes dans la ville, est un autre exemple frappant. En 2013, lui et ses sœurs – également intoxiqués au plomb – ont vendu à la même société que Rose, Access Funding, des indemnités d’une valeur de 435 000 dollars (387 000 euros), obtenues en 2010, contre 54 000 dollars de cash.

“Tant que les Noirs seront vus comme des criminels, il y aura des ‘Freddie Gray’”

Comme eux, beaucoup de victimes d’intoxication au plomb sont amenées à vendre au rabais des indemnités échelonnées, pour payer des dettes ou simplement pour avoir de quoi survivre dans l’immédiat, alors qu’ils sont souvent pauvres et peu employables. Des sociétés sans scrupule en profitent : depuis 2013, Access Funding a négocié près de 200 rachats d’indemnités échelonnées. La grande majorité des affaires implique des victimes d’intoxication au plomb, selon The Washington Post. Et, sur un échantillon d’une cinquantaine d’affaires, la société ne paie en moyenne qu’un tiers de la valeur actualisée des indemnités.

Le phénomène perdure

Le quotidien américain a publié une longue enquête sur ce système, passionnante et fouillée, mettant au jour le rôle de différents acteurs : des sociétés telles qu’Access Funding (ou d’autres plus importantes), mais aussi des avocats et un juge dont le nom revient systématiquement dans les affaires examinées, et qui semblent opérer en collusion avec lesdites sociétés.

Le journal montre que la législation de l’Etat du Maryland n’empêche pas des acteurs sans scrupule de contourner les règles censées protéger les victimes d’intoxication au plomb. Il éclaire également de façon plus générale les conséquences à long terme de la présence de plomb dans les logements.

Même si le phénomène a reculé ces dernières années, les autorités estiment que 535 000 enfants américains de 1 à 5 ans ont des concentrations de plomb dans le sang assez élevées pour nuire à leur santé.


Source © Courrier International
Les autorités indiennes ont officiellement annulé jeudi la licence de la branche locale de Greenpeace lui permettant d'obtenir des fonds de l'étranger, nouveau coup de bélier du gouvernement Modi contre l'organisation de défense de l'environnement.

La licence autorisant Greenpeace India à recevoir des fonds provenant de l'étranger a été révoquée, a rapporté dans la soirée l'agence Press Trust of India (PTI) citant une source anonyme au sein du ministère de l'Intérieur.

Cette licence était suspendue depuis avril dernier suite à une décision du gouvernement, qui avait gelé les comptes de l'organisation. Un tribunal de New Delhi avait par la suite ordonné la réouverture de certains comptes de l'ONG, l'autorisant à recevoir des fonds venant d'Inde.

Cette décision offrait un répit à Greenpeace qui, sinon, avait indiqué devoir cesser rapidement ses activités dans le pays.

Dans un communiqué, l'une des responsables de Greenpeace India Vinuta Gopal a dénoncé jeudi la suppression de leur licence comme «une tentative désespérée de nous faire fermer boutique».

«L'annulation de notre enregistrement est la dernière manoeuvre en date du gouvernement dans son attaque incessante contre le droit de la communauté à la contestation», a estimé Mme Gopal.

Greenpeace India, qui combat des projets de centrales thermiques, de mines d'uranimum ou de complexes industriels, accuse le gouvernement emmené par le nationaliste hindou Narendra Modi de mener une campagne «malveillante» contre elle afin de la «faire taire».

Selon les médias indiens, un rapport des services de renseignement ayant fuité en juin 2014 estime que les actions des ONG contre des projets de développement pourraient coûter jusqu'à trois points de PIB.

Le gouvernement du Bharatiya Janata Party (BJP) a annulé les licences permettant de recevoir des fonds de l'étranger de près de 9000 organisations depuis le début d'une campagne de répression en avril.

Source © AFP

mardi 4 août 2015
Sofia Ashraf, une jeune rappeuse indienne, détourne un tube de Nicki Minaj pour attirer l’attention sur l’incurie de la firme Unilever.

Dans la région de Kodaicanal, au sud de l’Inde, une usine d’Unilever a gravement pollué la forêt environnante en y déposant des déchets de mercure toxique. 

Suite au scandale, Unilever a fermé le site mais n’a pas entièrement nettoyé le mercure, qui continue d’empoisonner les terres et l’eau de Kodaicanal. Plusieurs anciens travailleurs de l’usine souffrent de graves problèmes de santé qu’ils imputent à leur exposition au mercure. 28 de ces travailleurs sont morts, tandis que plusieurs enfants sont nés avec des malformations. Unilever continue de maintenir que l’entreprise n’est pas responsable et refuse toute compensation.

La chanson « Unilever won’t » fait partie d’une campagne plus large sur les réseaux sociaux, pour attirer l’attention des actionnaires d’Unilever.

Devenue virale, cette vidéo a certainement attiré nettement plus d’attention que les pétitions qui ont déjà circulé sur le sujet. On attend la réaction d’Unilever.


lundi 3 août 2015
Des chercheurs viennent de découvrir que les plantes pouvaient émettre des signaux de communication. Les végétaux seraient peut être plus proches des animaux qu'on ne le pensait ?

Les plantes communiquent elles aussi!

Un article publié cette semaine dans le journal scientifique Nature Communication révèle une découverte troublante qui pourrait revoir complètement notre façon de considérer les plantes comme des formes de vie presque "inanimées". 

Avant toute chose, il faut bien comprendre que les végétaux n’ont pas de système nerveux ni même de neurones, et ne peuvent donc pas se déplacer, ressentir la douleur par exemple, ou par extension des sentiments comme la joie. C’est pourquoi nous n’avons pas entendu les forêts de l’Equateur exprimer leur joie en apprenant qu’elles décrochaient le record mondial de la reforestation. Contrairement aux animaux qui eux, possèdent un cerveau, et toute une machine qui contrôle avec minutie toute la physiologie du corps. 

Cette récente découverte dont nous font part les chercheurs de l’Université d’Adélaïde en Australie démontre qu’une version très basique reprenant ce système de contrôle existe chez les plantes.

Des neurotransmetteurs créent des signaux électriques qui sont transmis de cellules en cellules. Ces messages permettent notamment la régulation de la croissance en cas de sécheresse ou de température extrême ou encore pour contrer certains virus. Des recherches supplémentaires sont encore nécessaires pour expliquer cela mais nous savons déjà que certaines applications possibles à cette découverte pourraient changer nos vies. Ainsi, nous saurons enfin pourquoi certaines plantes ont des vertus médicinales qui sont plus particulièrement efficaces chez l’être humain, ou encore pour lutter plus efficacement contre des maladies qui touchent l’agriculture. 

Une preuve de plus qu’il reste encore tout à découvrir sur les plantes comme la plante loup-garou qui ne se reproduit qu’à la lumière de la pleine lune. Parlerez-vous plus souvent à vos plantes?

Source : Nature.com
samedi 1 août 2015
Ils sont Bunongs, issus d’un peuple autochtone de la région du Mondol Kiri, à l’est du Cambodge, à la frontière avec le Vietnam. En 2008, leur terre ancestrale a été concédée à Socfin-KCD, filiale cambodgienne du groupe Bolloré, pour un vaste projet de plantation d’hévéas, ces arbres dont on extrait le caoutchouc naturel. 

Sept ans après de vaines batailles pour faire valoir leurs droits, ils ont décidé d’assigner en justice la société mère. Vendredi 24 juillet 2015, leur avocat Fiodor Rilov a saisi en leur nom le tribunal de grande instance de Nanterre dans le cadre d’une action en responsabilité contre le groupe de l’homme d’affaires français Vincent Bolloré. 

Dans cette action intentée au civil, les Bunongs réclament une réparation en nature, espérant récupérer leur terre, ainsi que plusieurs dizaines de milliers d’euros de dommages et intérêts chacun.

La situation des Bunongs avait été déjà dénoncée en 2011 dans un rapport « Cambodge, terrains défrichés, droits piétinés » où la Fédération des droits de l’homme (FIDH) invitait « instamment » Socfin-KCD à « suspendre toutes ses opérations jusqu’à ce que les différends en cours [avec les Bunongs], portant sur les terres en jachère, l’indemnisation, les réinstallations, les conditions de travail soient réglés ».

Il y a 7 ans, le Cambodge a accordé une concession foncière de 7 000 hectares, située à Bousra, commune de la région de Mondol Kiri, pour l’exploitation industrielle de l’hévéa, au groupe Khaou Chuly (KCD). Cette société de construction cambodgienne avait conclu, un an plus tôt, une joint-venture avec Socfin Asia, détenu principalement par le groupe industriel français Bolloré et les familles belges Ribes et Fabri.

Expropriations et maigres compensations

Présents dans la région depuis des siècles – abstraction faite de la période des Khmers rouges au cours de laquelle certains ont dû fuir avant de revenir –, les Bunongs vivent d’une agriculture traditionnelle et itinérante ainsi que de la cueillette de produits forestiers. La terre est le maillon central de leur organisation sociale et de leur identité. Ils suivent un système de croyances animistes fondé sur la protection des forêts sacrées et des lieux de sépultures de leurs ancêtres.

La législation cambodgienne prévoit une reconnaissance juridique des communautés autochtones et protège leur droit à la propriété collective. Mais la concession à Bousra a été accordée sans que ne soit menée une étude d’impact social et environnemental. Les populations n’ont pas non plus été consultées, comme une telle étude l’exigerait pourtant. Sitôt la concession accordée, Socfin-KCD lançait des opérations de défrichage et de plantation, affectant plus de 850 familles. L’entreprise les mettait devant le fait accompli. Parfois, elle proposait à certains habitants une indemnisation de la perte de leur parcelle de terre. A d’autres, elle offrait un nouveau terrain hors de la concession, en compensation.

Expropriés, privés de leur outil de travail, les Bunongs n’ont eu d’autres choix que d’accepter les 200 dollars par hectare que la compagnie leur offrait. Une maigre compensation, vite épuisée. « Nous ne savions pas quel était le bon prix de vente parce que nous n’avions jamais été amenés à vendre des terrains de notre terre ancestrale pour faire du business », témoigne Blang Sinn, un des 80 Bunongs ayant décidé d’assigner en justice le groupe Bolloré. Les champs de la concession représentant tout pour eux – leur outil de travail, leur habitation, leurs lieux de culte –, rares sont ceux qui ont choisi d’aller vivre ailleurs. Quitte pour certains à se retrouver sans rien.

Blang Sinn raconte comment ils sont aujourd’hui embarqués dans un système où ils n’ont pas leur mot à dire : « La compagnie nous a proposé des emplois sur la concession pour y cultiver l’hévéa. Elle paye 5 dollars par jour et si un ouvrier arrive en retard, il n’est pas payé. Il faut se lever à 5 heures pour faire cuire le riz et préparer notre repas du midi à emporter et on ne rentre pas chez soi avant 19 heures 30. » Et d’insister : « Notre vie dépend de la terre et des ressources naturelles. Aujourd’hui, beaucoup de ménages n’ont plus de terrain à cultiver, certains sont obligés de travailler pour d’autres familles. Et nos activités traditionnelles, la chasse, la pêche, la collecte de produits forestiers, tout cela, c’est fini. »

Le groupe Bolloré se défend

Le groupe Bolloré dément toute interférence dans la gestion de Socfin-KCD. « C’est Socfin qui a pris les décisions d’acquisitions des terres et gère les plantations. Présent dans à hauteur de 38 %, le groupe Bolloré n’est pas du tout majoritaire dans Socfin. Aucun collaborateur du groupe n’a de compétence de gestion dans la plantation. Nous n’avons qu’une responsabilité d’administrateur », soutient-on dans l’entourage de Vincent Bolloré.

Pour Fiodor Rilov, il s’agit de démontrer au tribunal que « la question n’est pas de savoir si Bolloré est actionnaire majoritaire ou non, mais quel contrôle il exerce sur les structures. L’intervention de la société de tête dans les activités des filiales est un fait accompli, soutient l’avocat dans son assignation. Un certain nombre de dispositions dans les statuts du groupe mentionne la culture d’hévéas. »

Il n’y a pas qu’au Cambodge que des populations autochtones sont aux prises avec des plantations industrielles dirigées par Socfin ou du moins par ses filiales sur le terrain. En décembre 2010, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a été saisie par quatre ONG (deux camerounaises, une française et une allemande) concernant les activités de Socapalm, pendant de Socfin-KCD au Cameroun. Dans son rapport remis en juin 2013, l’OCDE constate que les activités de Socapalm avaient contrevenu aux principes directeurs sur l’emploi, les relations professionnelles et l’environnement établis par l’instance internationale. Et elle considère qu’en dépit de sa position d’actionnaire minoritaire dans Socapalm, le groupe Bolloré entretient une « relation d’affaire » avec sa filiale, et souligne même que celui-ci « déclare vouloir assumer ses responsabilités et user de son influence » pour faire respecter ses principes directeurs.

Lacunes du droit international

« Une reconnaissance de responsabilité, si elle n’est pas impossible, reste difficile pour plusieurs raisons qui tiennent notamment à la preuve de l’influence réelle des multinationales sur leurs partenaires, ainsi qu’à la preuve d’une faute de leur part qui serait en lien direct avec les dommages subis par les populations concernées. Surtout qu’en l’état du droit il n’existe pas de texte contraignant à l’échelle nationale ou internationale qui consacre un principe de responsabilité des entreprises transnationales », analyse Laurent Neyret, professeur de droit, spécialiste de l’environnement. Pour le juriste, le drame du Rana Plaza au Bangladesh en 2013 a favorisé le développement d’un mouvement en faveur d’une responsabilisation, morale et juridique des entreprises transnationales à raison des dommages causés par leurs filiales ou par les entreprises qui se trouvent dans leur sphère d’influence.

Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (CDH) cherche aujourd’hui à combler les lacunes du droit international sur la responsabilité des entreprises transnationales. En juin 2014, il s’est prononcé en faveur d’une résolution proposée par l’Equateur et l’Afrique du Sud afin d’élaborer une convention sur la responsabilité des sociétés transnationales en matière de droits humains. « Cette résolution, souligne Laurent Neyret, soutenue par de nombreux pays du Sud, a été adoptée malgré l’opposition des Etats-Unis, de l’Union européenne, de l’Allemagne et de la France. La France qui, pourtant, votait le 30 mars dernier une proposition de loi – non encore définitive – visant à instaurer un devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre de plus de 5 000 salariés à l’égard de leurs filiales, de leurs sous-traitants et de leurs fournisseurs. »

Source © Laetitia Van Eeckhout  / Le Monde

jeudi 16 juillet 2015
Un projet ferroviaire de très grande envergure fait, à nouveau, craindre le pire pour les peuples autochtones d’Amazonie. Cette entreprise ambitieuse de près de 30 milliards de dollars projette de scinder l’Amazonie en deux par une ligne de chemin de fer de plus de 4800 kilomètres entre les deux océans. 

Les ONG s’indignent mais ont bien peu de pouvoir face à un énième projet industriel qui viendra à nouveau empiéter les terres sauvages de l’Amazonie.


La Chine investit 50 milliards en Amazonie

La visite du Premier Ministre chinois au Brésil en mai dernier signait l’accord d’un contrat entre ces deux puissants pays. Forte de son économie triomphante, la République Populaire recherche des investissements prometteurs à l’étranger. En cause, une baisse de la demande en grands travaux en Asie au moment même où le Brésil est confronté à un ralentissement économique. Si, économiquement parlant, les deux états y trouvent leur avantage, l’envers du contrat révèle une situation tragique pour ceux qui n’ont pas leur mot à dire.

La Chine prévoit donc d’investir 50 milliards de dollars en Amazonie dont 30 financeraient une ligne de chemin de fer de plus de 4800 kilomètres reliant l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique. Celle-ci partirait du Port d’Açu au Brésil, contournant la Bolivie pour arriver sur la côte ouest du Pérou. Interrogé par France 24, Jean-François Dufour, expert de l’économie chinoise et président du cabinet de conseil DCA Chine-Analyse commente : « C’est un véritable canal de Panama ferroviaire que la Chine envisage de construire dans la région ». Le projet pourrait reprendre le tracé d’une route existante dont la construction a débuté au Brésil dans les années 1970 : la très contestée Transamazonienne (ou BR-230).

Le fiasco de la Transamazonienne

Cette route avait été imaginée début des années 70 pour sortir les peuples de l’isolement tout en développant l’économie du Brésil, notamment, en facilitant le transport de marchandises, mais aussi l’accès aux ressources naturelles. En échange, les paysans locaux pouvaient bénéficier des bandes de terres de 50 km de chaque côté de la route. Le projet s’est rapidement enlisé et s’est soldé en échec écologique et économique. Les agriculteurs qui héritaient des terres à proximité de la route devaient, selon les plans nationaux de l’époque, approvisionner le marché brésilien avec leur récolte.

Cependant, nul ne se souciait de la préservation de la forêt et les routes de terres se révélèrent rapidement inutilisables par les paysans en cas de fortes pluies. Les agriculteurs relogés à proximité de cette route perdaient donc régulièrement leurs plantations et le gouvernement les abandonna dans la misère en retirant brutalement son soutien du projet. La déforestation s’est également accélérée au fur et à mesure que la route grandissait en raison des facilités d’accès aux ressources. Aujourd’hui, certaines parties de la route sont asphaltées mais la Transamazonienne est devenue le symbole d’un fiasco à ne pas rééditer.

Les dangers de cette nouvelle voie ferrée

Dans l’histoire des pays occidentaux, la voie ferrée a toujours été un élément clé à l’augmentation du niveau de vie. Ce projet chinois de ligne de chemin de fer provoque cependant l’indignation des Indiens et de l’ONG Survival International, qui lutte pour les droits de ces peuples indigènes. Selon eux, une telle ligne mettrait en péril la biodiversité de la forêt et dévasterait les terres des Indiens. Survival International craint que cette ligne ouvre les régions reculées à l’exploitation industrielle, minière et forestière et libère la voie aux multinationales pour la colonisation économique et l’accaparement des terres.

Ninawá Kaxinawá, un leader indien a exprimé à Survival International les dangers que ce projet représente aux yeux des communautés indigènes : « Cette voie ferrée est meurtrière, elle menace notre peuple. Pour nous les Indiens et pour nos frères des tribus isolées, ce projet représente un danger mortel qui détruira nos forêts et nos vies ! » Les tribus isolées sont des sociétés vulnérables qui ne supporteraient pas voir à nouveau leurs terres détruites alors que celles-ci furent déjà largement accaparées par nombre de projets industriels.

Preuve s’il en était que les grands projets industriels prétextant le progrès ne se soucient guère des minorités, d’autres projets similaires se sont déjà transformés en tragédies. L’ONG rappelle ainsi que la voie ferrée de Carjás, inaugurée dans les années 1980, a permis aux entreprises étrangères, à des éleveurs et à des bûcherons illégaux d’accéder aux terres de tribus menacées comme celles des Awá. Trente pourcent de leur territoire a disparu à cause de la déforestation. Et trente ans plus tard, des contrebandiers sont toujours présents. Encore aujourd’hui, certaines tribus doivent quitter leur région pour fuir la déforestation. Certains membres des tribus tombent malades et ne survivent pas à l’exode.

Survival International milite pour que les gouvernements consultent ces peuples indigènes sur les sujets qui les concernent directement et pour que les responsables politiques s’engagent à respecter leurs droits. Les terres de ces tribus doivent être protégées pour Stephen Corry, le directeur de Survival International, pour différentes raisons : « De tels projets n’entraînent rien d’autre que la spoliation des territoires indigènes et comme toujours ils sont menés au nom du progrès et du développement. Pendant des siècles les Indiens d’Amérique ont été sacrifiés sur l’autel du profit. Beaucoup ne survivraient pas aux attaques menées contre leurs vies et leurs terres. Pour les tribus isolées, cette voie ferrée mènera au génocide ».

Si cette ligne a de fortes probabilités d’aboutir un jour, les minorités peuvent aussi faire entendre leur voix. Ainsi, nous vous parlions il y a quelques semaines d’une communauté amérindienne du Canada ayant refusé le dédommagement d’un milliard de dollars de la part d’une compagnie pétrolière. Cette dernière voulait construire un port pour le transport du gaz naturel liquéfié passant sur la terre de cette petite communauté. Le projet a ainsi pu être contrecarré, mais pour combien de temps ?

Source © Survival International



lundi 6 juillet 2015
Solution à une sécheresse historique ou pacte avec le diable ? En Californie, des dizaines d'agriculteurs arrosent leurs vergers avec de l'eau provenant de l'extraction pétrolière, au grand dam des défenseurs de l'environnement.

En arrivant près de Bakersfield, au centre de cet Etat de l'ouest américain, on réalise à quel point les industries pétrolière et agricole y sont liées. Sur les routes de campagne, on voit tour à tour des vergers et des champs pétroliers à perte de vue: 80% de la production pétrolière et 45% de l'industrie agricole de Californie se situent dans ce même comté, remarque Madeline Stano, de l'association Center on Race, Poverty and the Environment.

Dans cette contrée où les températures dépassent fréquemment 40°C l'été, l'eau se fait rare. Après quatre années d'une sécheresse record, les fermiers ne peuvent plus pomper les rivières dont le niveau baisse dangereusement.

Reste aux agriculteurs l'eau des nappes phréatiques, mais celles-ci sont sous pression: déjà plus de 1.000 puits sont asséchés dans la région.

Pour diversifier son approvisionnement, l'agence de distribution d'eau Cawelo Water District, une coopérative financée par les agriculteurs locaux, achète depuis déjà vingt ans de l'eau usée provenant des usines pétrolières.

Abby Auffant, porte-parole de l'usine de Kern River du géant énergétique Chevron, explique que le pétrole foré est mêlé à de l'eau, dont il doit être séparé. Un tiers de ces eaux usées est recyclé en vapeur nécessaire à l'extraction d'or noir, un quart injecté à très grande profondeur, une procédure coûteuse et accusée par les militants pro-environnement de polluer les nappes phréatiques.

C'est un casse-tête pour l'industrie pétrolière donc c'est tout bénéfice pour eux de la revendre, remarque Mme Stano.

Chevron Kern River vend 500.000 barils d'eau usée par jour (81.409 m3) à l'agence de distribution d'eau de Cawelo, soit 50% de l'approvisionnement de cette dernière.

L'eau est nettoyée par sédimentation et filtrage et envoyée par oléoducs vers un bassin, où elle est mélangée aux liquides d'autres usines pétrolières voisines, avant d'être mixée à de l'eau fraîche puis acheminée par un canal vers 90 exploitations agricoles ou vignobles clients.

- Une pratique légale -

Les fermiers achètent cette eau à prix coûtant: 33 dollars pour 1.233 mètres cubes (1 acre foot) alors que le prix de l'eau fraîche a récemment bondi pour atteindre jusqu'à 1.500 dollars pour la même quantité, indique David Ansolabehere, le patron de l'agence de distribution d'eau.

La pratique est légale: Chevron et ses concurrents comme Occidental disposent d'un permis pour vendre cette eau aux agriculteurs. Ils la font tester par une société tiers et fournissent les rapports au Conseil de contrôle de la qualité de l'eau du centre de Californie.

Nous respectons tous les critères fixés par le Conseil, il y a des limites de produits pétrochimiques dans notre permis et nous avons toujours été en-dessous, assure Abby Auffant.

Les militants pro-environnement ne l'entendent pas de la même oreille. C'est une expérimentation menée sans l'accord du consommateur, dénonce Madeline Stano.

Un récent rapport de Chevron sur des tests menés sur l'eau trouve du benzène et de l'acétone, des produits cancérigènes dans l'eau vendue aux agriculteurs, relève-t-elle, estimant par ailleurs que les tests menés omettent d'autres particules chimiques dangereuses.

Trop de pouvoir est donné aux groupes pétroliers et aux agriculteurs qui sont en charge eux-mêmes des tests, sans que les pouvoirs publics ne mènent leurs propres tests indépendants, assène-t-elle.

Scott Smith, de l'association Water Defense, fondée par l'acteur Mark Ruffalo, critique lui aussi les méthodes de tests qu'il qualifie notamment de dépassées car ne correspondant pas selon lui aux méthodes actuelles d'extraction, et souhaite que les associations pro-environnement puissent mener librement leurs propres évaluations.

Amandes, raisins et autres agrumes produits dans la région ne sont par ailleurs pas évalués, à part pour leurs contenus en pesticides, reconnaît David Ansolabehere.

D'après lui, les autorités sanitaires de Californie, à la suite du rapport Chevron faisant part d'un niveau de salinité de l'eau un peu élevé et de la présence de produits pétrochimiques, ont formé un groupe de travail pour décider éventuellement de faire tester les produits agricoles eux-mêmes.

Tom Frantz, cultivateur et militant pro-environnement, insiste: si une seule personne tombe malade à cause d'un (fruit) de la région, la réputation de tous les agriculteurs locaux sera ruinée.

Sans oublier les risques pour la fertilité de la terre: si le sel s'accumule, on ne peut plus rien faire pousser.

Source © AFP  

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jeudi 25 juin 2015
Fin mai 2015, Récylum et Ipsos ont interrogé 500 enfants de 8 à 11 ans afin de recueillir leur perception quant à la protection de l’environnement. 

Leurs réponses montrent qu’ils ont conscience de la nécessité d’agir, qu’ils se sentent concernés et essaient de se mobiliser à leur niveau.

DES ENFANTS INQUIETS FACE À L’AVENIR DE LA PLANÈTE

Alors que les enfants estiment à 63% que la planète est en mauvais état, ils ont pour la plupart acquis des gestes simples permettant de lutter contre le gaspillage des ressources naturelles. 89 % des enfants estiment cependant qu’ils pourraient en faire plus pour l’environnement. 

63% des enfants estiment que la planète est en mauvais état

96% des enfants affirment avoir pris l’habitude d’éteindre la lumière en sortant d’une pièce

68% des enfants disent trier les déchets

LES PARENTS, UN EXEMPLE À SUIVRE ? PAS TANT QUE ÇA !

Si les enfants prennent souvent exemple sur leurs parents, cela est beaucoup moins vrai lorsqu’il s’agit d’environnement. Seulement 6% des enfants donnent la note de 10/10 à leurs parents en matière de protection de l’environnement. Et les enfants n’hésitent pas à conseiller leurs parents sur les bonnes pratiques à adopter.

87% des enfants estiment que les adultes ne font pas assez d’efforts pour protéger l’environnement

80% des enfants donnent des conseils à leurs parents en matière de protection de la nature

LES ENFANTS : ÉCO­CITOYENS DE DEMAIN

Selon les enfants, les parents ne sont qu’un sur deux (52%) à les écouter lorsqu’ils leurs donnent des conseils sur ce qu’il faut faire pour protéger la nature. Ainsi, que ce soit pour toucher les 50% de parents qui sont à l’écoute de leurs enfants, ou pour éduquer les éco-­‐ citoyens de demain, il est essentiel de sensibiliser les plus jeunes. C’est pourquoi Récylum propose le Défi Récylum à toutes les écoles primaires de France. Le principe : mobiliser son entourage au geste de recyclage des lampes à économie d’énergie en réalisant des défis avec sa classe. Le plus de ce projet pédagogique : sa dimension solidaire puisque tous les défis réalisés permettront d’éclairer des écoles de régions du monde défavorisées.

Récylum a interrogé les enfants sur leur intérêt à participer :

80% des enfants aimeraient que leur classe participe au Défi Récylum à la rentrée.

Parmi eux :

69% ont envie d’y participer pour apprendre des gestes pour mieux protéger la planète

54% ont envie de participer au Défi Récylum pour aider des enfants qui en ont besoin

Source © Ipsos
Source © e-rse.net
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mardi 23 juin 2015
L'estuaire de la Gironde, le plus vaste d'Europe et aussi le mieux préservé ? 

Il faut oublier le second qualificatif. Organisée la semaine passée à Artigues-près-Bordeaux, en Gironde, une journée d'étude intitulée "l'estuaire de la Gironde, entre littoral et bassins versants" a clairement posé les réalités sur la table. Et celles-ci sont désagréables à entendre : les poissons migrateurs emblématiques du milieu saumâtre se meurent.

Le saumon, chassé vers le nord par le réchauffement climatique, est rarissime. La grande alose est en danger, comme l'esturgeon qui fait pourtant l'objet d'un vigoureux programme de réintroduction piloté par Irstea (l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture, ex-Cemagref, ndlr) dans sa station de Saint-Seurin-sur-l'Isle. L'alose feinte et l'anguille se portent à peine mieux. La lamproie marine, qui frétille depuis 450 millions d'années, "est en difficulté depuis 30 ans" selon Jacqueline Rabic, la représentante des pêcheurs professionnels de la Gironde.

Baisse du débit d'eau douce

Ces préoccupations sont partagées par les décideurs. Par Pierre Ducout par exemple, maire (PS) de Cestas et spécialiste de la question de l'eau, qui évoque "un constat alarmant pas si lointain" pour l'estuaire de la Gironde. Le bulletin de santé de l'estuaire de la Gironde liste plusieurs problèmes distincts dont les effets se cumulent. Le principal d'entre eux est lié à la faiblesse des débits d'eau douce en provenance de la Garonne comme de la Dordogne. Si les deux dernières années, plutôt bien arrosées, ont permis de limiter la casse, la tendance reste la même sur ces dernières décennies.

Directrice de recherche CNRS à l'UMR Epoc (CNRS/université de Bordeaux), Sabine Schmidt relève ainsi que la durée des étiages - le plus bas niveau du fleuve - a bondi depuis 1990 sur la Garonne à La Réole, au sud du département de la Gironde. Les journées où le débit est inférieur à 110 mètres cubes par seconde (m³/s) s'y sont multipliées.

Le bouchon vaseux installé

La faiblesse des apports en eau douce favorise la persistance du "bouchon vaseux" dans l'estuaire. Cette locution désigne une zone dans laquelle les particules en suspension dépassent un gramme par litre et donnent à l'eau son aspect de soupe marronnasse. Au droit de Pauillac, dans le Médoc, le bouchon vaseux persiste à peu près toute l'année. Il remonte vers Bordeaux de juin à novembre et à Libourne sur la Dordogne de juillet à septembre. Mais il peut rester en place bien plus longtemps. "Il s'installe quand les débits ne dépassent pas 250 m³/s, il est expulsé hors de l'estuaire au-dessus de 350 m³/s", résume Sabine Schmidt.

Or la présence du bouchon vaseux est un paramètre crucial pour les poissons, menacés d'asphyxie par la rareté de l'oxygène qui s'y trouve. Il forme comme un barrage pour les migrateurs dont les adultes remontent vers les frayères et pour les juvéniles qui dévalent les rivières vers l'estuaire. Plus fragiles, ces derniers sont les plus menacés. "On a de gros doutes sur la capacité des poissons à s'adapter. On ne voit pas les alosons (les juvéniles d'aloses) attendre la disparition du bouchon vaseux pour la dévalaison (le fait pour les alevins d'entamer leur migration vers l'océan depuis les frayères où ils ont vu le jour, ndlr) par exemple. Ce qui pose le problème de leur survie", relève Jérémy Lobry, ingénieur de recherche à Irstea Bordeaux.

Le sort des jeunes poissons de mer qui élisent domicile dans l'estuaire pour s'en servir de nourrière pose également question. L'engraissement des soles et des bars peut être entravé par les oscillations du bouchon vaseux. De taille plus modeste, ils sont plus vulnérables lors de leur retour au large.

Des polluants à foison

La qualité de l'eau est aussi tributaire de la maîtrise des polluants. Là non plus, le tableau n'est pas des plus pimpants. Chercheur honoraire à l'université de Bordeaux, Henri Etcheber a coordonné le programme scientifique Etiage dont les conclusions ont été rendues publiques l'an passé. On trouve des pesticides dans l'estuaire, qui proviennent de l'agriculture. Mais aussi de l'argent, du cuivre, du zinc, du plomb, des plastifiants, des parfums, des médicaments… "En hiver, l'eau est riche en antidépresseurs. En été, en cocaïne. Le fleuve répond à nos usages !", indique Henri Etcheber.

Le chercheur pointe du doigt "l'apport considérable des stations d'épuration bordelaises" qui, comme tous les équipements de ce type, ont pour mission de rejeter une eau conforme à la réglementation. Or quelque 60 000 substances de synthèse différentes sont utilisées. Y a-t-il une relation de cause à effet ? Emblématique de l'estuaire, la crevette blanche est sujette à des déformations de sa carapace depuis quelques années. Et sa croissance est plus faible.

"Marinisation" de l'estuaire

In fine, le bouleversement du milieu se traduit par une "marinisation" de l'estuaire de la Gironde. La salinité moyenne des eaux augmente, à Pauillac comme à Bordeaux. La spécificité estuarienne a tendance à disparaître. De plus en plus, le milieu marin étend son influence jusqu'au bouchon vaseux, zone intermédiaire réduite et pauvre en vie avant la zone fluviale à proprement parler. "On a beaucoup plus de poissons marins et beaucoup moins de migrateurs qu'il y a trente ans. Le peuplement de l'estuaire, c'est surtout les juvéniles d'anchois. Les méduses et plus largement les "gélatineux" remontent de plus en plus loin en amont", note Jérémy Lobry.

Les carrelets dans l'estuaire

Ces déséquilibres durables ont peu de chances de pérenniser les populations les plus fragiles. De plus en plus, les proies et les prédateurs ne se croisent plus. Le réchauffement graduel des eaux fait fuir certaines espèces, comme les éperlans. Jusqu'à présent, on dénombrait environ 75 espèces différentes sous le manteau brun de la surface, dont 61 % de poissons marins, 21 % de poissons d'eau douce, 15 % d'amphihalins (migrateurs) et 3 % d'espèces spécifiques au milieu estuarien. Et combien demain ? « La situation est préoccupante mais pas irrécupérable », veut croire Henri Etcheber.

Source © Sud Ouest



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mercredi 10 juin 2015
Le feuilleton trouble du parc national des Virunga en République démocratique du Congo (RDC) convoité par les compagnies pétrolières étrangères vient de connaître un nouveau rebondissement, mercredi 10 juin. 

L’existence de transactions financières entre des soldats de l’armée congolaise et les représentants de société britannique SOCO international — la seule à avoir procédé à des opérations d’exploration au cœur du site classé au patrimoine mondial de l’Unesco — a été mise au jour par l’ONG Global Witness.

Jusqu’à présent SOCO a toujours refusé de reconnaître avoir versé de l’argent au major Burimba Feruzi et à ses hommes — officiellement placés auprès de la compagnie par les Forces armées de RDC pour assurer la sécurité des employés. En particulier au moment des opérations d’exploration sismique sur le lac Edouard au printemps 2014.

Les documents révélés par l’ONG britannique mercredi, alors que doit se tenir à Londres l’assemblée annuelle de l’entreprise, montrent que le major Feruzi a reçu, en deux temps, la somme de 42 250 dollars entre avril et mai 2014. Sous la forme de quatre chèques endossables sur le compte de SOCO à la Banque internationale de crédit à Goma et de deux lettres manuscrites signées par le militaire reconnaissant le versement de cette somme à titre de « salaires et de per diem » par Damas Vunabandi, chargé du protocole et de la logistique chez Soco depuis 2010.

En accord avec le gouvernement congolais

Interrogé par Global Witness sur l’existence de ces versements, Roger Cagle, vice-PDG de SOCO, a répondu que « ni lui [major Feruzi] ni aucun autre soldat n’ont jamais été employés par SOCO. Tous les ordres reçus [par les soldats] émanent du gouvernement congolais. […] De plus, tous les arrangements financiers ont entièrement été pris en accord avec le gouvernement, et en toute transparence. »

Contactée par Le Monde, SOCO précise qu’elle « n’a jamais nié financer le travail effectué par l’armée congolaise pour assurer la sécurité de son personnel et de ses contractants lors des opérations sismiques. Mais elle réfute toute allégation laissant penser que ces financements pourraient être liés à des actes d’intimidation ou de violence », à l’égard des communautés et des activistes hostiles au projet d’exploitation pétrolière.

Dans la région, il semble en effet que le major Feruzi et ses hommes soient bien connus pour leurs méthodes. 

Des témoignages recueillis par des ONG et par des journalistes de la BBC font état de menaces et de coups reçus par des défenseurs de l’environnement. Des pêcheurs qui tirent leur subsistance du lac Edouard, ont déclaré avoir été détenus en voulant s’opposer aux activités de SOCO. Deux d’entre eux sont morts dans des circonstances non élucidées. Major Feruzi est également accusé d’avoir offert 3 000 dollars de pot-de-vin à un des gardes du parc.

Enquête réclamée

En avril 2014, le directeur du parc des Virunga, Emmanuel de Mérode, a été attaqué et grièvement blessé alors qu’il venait de remettre auprès du procureur de la République de Goma, un dossier à charge contre le groupe pétrolier. Human Right Watch a interpellé officiellement le gouvernement congolais en juin 2014 en demandant qu’une enquête soit ouverte sur les violences et les tentatives de corruption menées envers les gardes du parc et les activistes locaux.

Comme la major française Total, SOCO a obtenu un permis d’exploration de l’Etat congolais en 2011. Le bloc V qui lui a été attribué, couvre une superficie de 7 500 km² dont une grande partie du lac Edouard qui est pour l’UNESCO, « un des piliers de la valeur universelle du site des Virunga ». Une population d’environ 50 000 personnes vit de la pêche autour du lac. Crée en 1925, le plus vieux parc naturel d’Afrique est en outre connu pour abriter une importante population de gorilles des montagnes, une espèce menacée d’extinction.

Sous la pression de l’UNESCO et des ONG internationales, Total a pris l’engagement en 2013 de ne pas prospecter dans le parc des Virunga. En juin 2014, après avoir terminé les études d’exploration, SOCO s’est à son tour engagée à ne plus y travailler.

Deux ans de sursis

L’histoire n’est cependant pas terminée. La redéfinition des limites du parc pour ouvrir la voie à l’exploitation pétrolière est une option ouvertement débattue à Kinshasa.

Fin juin, lors du Comité du patrimoine mondial qui se réunira à Bonn, il sera une nouvelle fois demandé au gouvernement congolais d’annuler les permis accordés aux compagnies pétrolières.

Jusqu’à présent, l’UNESCO n’a été saisie d’aucune demande de modification des limites du parc. « La remise en cause des critères ayant permis le classement des sites répond à une procédure très complexe. Toute demande doit être déposée avant le 1er février de l’année et l’instruction du dossier prend en général 18 mois », explique Leila Maziz, responsable des sites africains. Un délai qui donne au moins deux ans de sursis au Virunga. A condition que le gouvernement congolais respecte la Convention sur le Patrimoine mondial dont il est signataire.

Source © Le Monde


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vendredi 5 juin 2015
Furieux d’avoir été laissés dans l’ignorance d’une pollution à l’arsenic, au plomb et au cadmium, identifiée par l’Etat depuis 2007 mais révélée en 2014, les riverains de deux anciennes mines près d’Alès (Gard), s’inquiètent des conséquences éventuelles sur leur santé.

Dans un rapport rendu public en mai, l’Agence régionale de santé (ARS) a révélé des « teneurs en plomb et en arsenic exceptionnellement élevées » et des « teneurs importantes en cadmium », entre Anduze et Alès.

L’ARS s’est alarmée « des conséquences sur la santé à long terme, même en l’absence de symptômes à l’heure actuelle » et a décidé de mettre en place dès septembre une veille sanitaire pour 2.800 personnes, soit les riverains de deux anciennes mines de fer et de zinc, dans les communes de Thoiras, Tornac, Saint-Félix de Pallières, Générargues et Saint-Sébastien d’Aigrefeuille.

Des prises de sang seront pratiquées sur ces personnes afin de leur « proposer, si nécessaire, une prise en charge médicale », a précisé l’ARS.

Dans les communes concernées, l’inquiétude le dispute à la colère. « J’ai du plomb et de l’arsenic dans mon jardin », déplore une retraitée qui a acheté en 2014 sa maison à Saint-Félix-de-Pallières. Une expertise indépendante qu’elle a commandée depuis, a démontré dans son jardin des taux 2 à 2,5 fois supérieurs à la limite légale.

« Les bras m’en sont tombés car j’ignorais en achetant ma maison que le site était pollué », affirme à l’AFP cette habitante, sous couvert d’anonymat, en montrant l’état des risques naturels et techniques remis par son notaire qui ne fait mention d’aucune pollution. « Ma maison ne vaut plus un clou. Je me sens trahie », se désole-t-elle.

A une centaine de mètres, ce sont les œufs des poules de Karin qui sont contaminés au plomb: des taux « quatre fois supérieurs à la norme », relève-t-elle. En conséquence, elle n’a pas  le droit de les consommer et a reçu une liste de recommandations de l’ARS.

250.000 touristes par an à Anduze

Parmi les lieux contaminés, celui de la mine de Croix-de-Pallières pose particulièrement problème car il est le point de départ de circuits de randonnées pédestres et est à ce titre très fréquenté.

« C’est criminel de laisser les touristes se balader ici. L’endroit est jalonné de panneaux pour les sentiers et les randonneurs viennent cueillir des champignons qui sont toxiques », s’agace Fab, un trentenaire vivant avec une soixantaine d’autres personnes, au-dessus de cette mine où se mélangent les métaux lourds contenus dans la roche et les résidus de produits chimiques qui ont été utilisés pour leur extraction jusqu’en 1971.

Inquiet, Fab a récemment fait une prise de sang: « Je suis à 65 microgrammes/l de plomb », soit 2,5 fois la plombémie moyenne en France (25,7 microgramme/l), dit-il.

Dans la mine, l’arsenic et le plomb dans le sol seraient « 20 fois supérieurs au taux à partir duquel une action curative s’impose », selon l’association ATC-toxicologie  qui relaie les résultats de l’entreprise Geoderis, mandatée en 2008 par l’Etat pour expertiser les risques miniers. Selon l’ARS, la découverte de la pollution remonte à 2007. Mais les riverains n’en ont eu connaissance qu’en décembre 2014 lors d’une réunion publique avec le sous-préfet du Vigan.

« On nous a tout caché pendant des années. Et maintenant on nous laisse dans l’ignorance la plus totale depuis cette réunion ! », dénonce Stephan Leclerq dont la maison est située en contrebas de la mine.  « Il n’y aura plus de réunion publique parce que les gens vocifèrent ! », réagit William Dumas, député PS de la circonscription qui minimise: « Cela fait 45 ans que j’entends parler d’une pollution, ça n’empêche pas de devenir centenaire ! »

Cet argument irrite le maire DVG d’Anduze, Bonifacio Iglesias. Cette commune touristique accueille 250.000 touristes par an et reçoit, à chaque épisode cévenol, les écoulements d’eau en provenance de la mine. « Pourquoi certaines communes seraient concernées par la pollution et pas nous ? », s’interroge l’élu qui compte demander à l’ARS d’intégrer Anduze « à la veille sanitaire ».

Source © AFP

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lundi 1 juin 2015
Le Monténégro se voit déjà en futur« Koweït des Blakans ». 

La Croatie envisage des plateformes pétrolières au large de ses superbes îles. 

L’Albanie agite les cadeaux fiscaux pour attirer géologues et foreurs. 

La Mer Adriatique va-t-elle changer de visage pour s’ouvrir aux compagnies pétrolières et gazières ? Au risque de sacrifier son attrait touristique et de vivre sous la menace d’une marée noire qui, dans cette mer fermée, aurait des conséquences dévastatrices. Ecologistes et citoyens commencent à se mobiliser.

Les vacanciers n’ont pas encore envahi les ruelles étroites de la ville de Pula, tout au sud de l’Istrie (Croatie). Sur la place centrale, quelques clients prennent le soleil aux terrasses des cafés. On aperçoit au loin les grues du chantier naval Ugljanik qui dominent les vielles bâtisses vénitiennes. Mais Dušica Radojčić, la présidente de l’organisation écologiste Zelena Istra (« Istrie verte »), n’a guère le temps de profiter de la douceur printanière. La jeune quadragénaire est à la pointe de la mobilisation contre les projets de prospection et d’exploitation des hydrocarbures en Mer Adriatique. « Il y a quelques mois encore, la majorité des Croates étaient favorables aux forages, selon les enquêtes d’opinion. Ils faisaient confiance aux arguments économiques avancés par le gouvernement, explique-t-elle. Depuis, nous avons multiplié les réunions d’information et la population est en train de changer d’avis. Les pêcheurs et les professionnels du tourisme sont, bien sûr, les premiers à avoir pris conscience du danger ».

Le gouvernement croate rêve de voir le pays devenir un nouvel Eldorado gazier et pétrolier. Le 2 janvier, il a dévoilé la liste des compagnies qui pourront explorer durant cinq ans les fonds marins de l’Adriatique à la recherche de gaz et de pétrole : le croate INA, l’autrichien OMV, l’américain Marathon Oil, l’italien ENI et le britannique Med-Oil-Gas. Dix zones de 1000 à 1600 km² ont été attribuées le long des côtes, à seulement dix kilomètres du continent et à six kilomètres des îles. « Pourquoi a-t-on autorisé une exploration si près des îles, qui ont toutes un environnement particulièrement fragile ? Personne ne le comprend », s’indigne Dušica Radojčić.

Le Monténégro, futur « Koweït des Blakans »

L’existence de gisements de carburants fossiles est connue de longue date dans la région. L’Italie et la Yougoslavie ont commencé à exploiter le gaz naturel du nord de l’Adriatique dès les années 1960, et quinze plateformes gazières sont toujours en exploitation au large de l’Istrie, à une quarantaine de miles au sud-ouest de Pula. Plus au sud, le plateau continental recèlerait également du pétrole, au large de Dubrovnik, tout près des parcs naturels des îles de Mljet et de Lastovo.

La bouche de Kotor (Monténégro)

Les voisins de la Croatie ne sont d’ailleurs pas en reste. Le gouvernement monténégrin, bien décidé à lancer la prospection, avance depuis plusieurs années la présence d’importants gisements pétroliers en face de la péninsule de Prevlaka et de la Bouche de Kotor. Il serait question de réserves de l’ordre de sept milliards de barils, mais les conditions d’exploitation n’ont jamais été précisées. Les autorités de Podgorica rêvent elles aussi de voir leur pays, rongé par la corruption, devenir un « Koweït balkanique ». Problème : selon la Constitution adoptée en 2007, le Monténégro est officiellement devenu « un État écologique ». Un argument de poids pour les écologistes, fermement opposés à la reprise des forages à proximité des côtes. « Pouvez-vous imaginer l’impact sur le tourisme et ce que nous appelons ’notre beauté sauvage’ ? », fulmine Nataša Kovačević, coordinatrice de l’ONG Green Home.

Avantages fiscaux en Albanie

En Albanie, on s’intéresse également à la manne pétrolière depuis plusieurs décennies. Le champ de Patos-Marinza, au sud du pays, est d’ailleurs le site on-shore le plus important du continent européen, même si, depuis la fin du communisme, la plupart des derricks s’écoulent dans la montagne. Quant à la raffinerie de Ballsh, elle est connue comme un haut lieu de trafic de brut. C’est par elle que transitait, dans les années 1990, une bonne part des carburants vendus par l’Irak dans le cadre du programme « pétrole contre nourriture », ainsi que l’essence destinée à la Serbie, alors frappée par un embargo international. Plus récemment, en juin 2012, l’Albanie a accordé à la société Emanuelle Adriatic Energy Ltd., enregistrée à Chypre et filiale de l’israélienne ILDC, une concession de recherche et d’exploitation des hydrocarbures sur une large zone de 5070 km² dans partie sud de l’Adriatique, malgré le conflit qui l’oppose à la Grèce dans la délimitation de ses eaux territoriales.

Voilà qui n’a pas pas empêché le Premier ministre Edi Rama d’annoncer début mars l’ouverture « d’un nouveau chapitre de l’histoire de la gazéification de l’Albanie ». Une phase d’exploration va commencer dans 13 zones déjà identifiées. Pour inciter les compagnies étrangères à s’installer, Tirana a consenti toute une série d’avantages sonnants et trébuchants : exonération totale de TVA pendant la phase d’exploration et durée de concessions allongées à 30 ans pour l’exploitation. Les sommes mobilisées dans les hydrocarbures représenteraient 40% du total des investissements étrangers et, selon les estimations des experts locaux, les réserves albanaises en pétrole et gaz s’élèveraient à 400 millions de tonnes.

Pas d’étude d’impact environnemental en Croatie

C’est cependant en Croatie que les projets sont le plus avancé, malgré la ferme opposition des défenseurs de l’environnement. « Nous rejetons ces projets pour des questions de sécurité : des accidents sont toujours possibles et ils pourraient avoir des conséquences dramatiques pour le milieu naturel. Une exploitation ’normale’, même sans accident, entraine déjà des nuisances visuelles et un certain niveau de pollution. Or il ne faut pas oublier que l’Adriatique est une mer fermée », explique Bernard Ivčić, de l’ONG Zelena Akija de Zagreb, qui a créé un réseau d’organisations réunies sous le label « SOS pour l’Adriatique ». « En Croatie, aucune étude d’impact environnemental n’a été menée, elle sera à la charge des entreprises concessionnaires, qui minimiseront bien sûr les risques », souligne-t-il.

La ville et la baie de Pula (Croatie)

La dynamique des courants marins est bien connue en Adriatique : ils remontent le long de la côte orientale pour redescendre la rive italienne, chargés de la pollution des grandes villes du nord – Rijeka en Croatie, Trieste et Venise en Italie – et des industries de la plaine du Pô. Pour l’instant, malgré l’incurie environnementale, la quasi-absence de traitements des déchets et les fréquents dégazages, les eaux albanaises, monténégrines et croates restent relativement propres. Néanmoins, la moindre pollution survenant en Adriatique-sud affecterait immédiatement l’ensemble des îles dalmates, l’Istrie et le golfe de Venise.

Développement industriel ou risque pour le tourisme ?

Le gouvernement croate et les industriels de l’énergie balayent pourtant d’un revers de la main les inquiétudes des écologistes et des professionnels du tourisme. Pour eux, le transit de 4000 pétroliers par an, qui longent les côtes croates pour filer vers les grands ports du nord de l’Adriatique, représente un bien plus grand danger que l’installation de quelques plateformes en mer. « Une catastrophe est toujours envisageable », reconnaît Igor Dekanić, professeur à l’École des mines de Zagreb, « mais l’industrie pétrolière est très expérimentée, elle peut réduire les risques au minimum. Jusqu’à présent, il n’y a jamais eu d’accident lié aux hydrocarbures en Adriatique ». Pour l’universitaire, pas de doute, ces forages sont un atout pour le pays, notamment en termes d’activité économique.

Un argument de poids dans une Croatie en crise. Membre de l’Union européenne depuis le 1er juillet 2013, en récession constante depuis 2008, elle présente le plus fort taux de chômage des 28 pays membres, après la Grèce et l’Espagne – 18% de la population active et 45,5% des jeunes. Dans ce contexte, toute initiative industrielle serait donc bonne à prendre. Zagreb risque pourtant de scier l’une des principales branches de son économie, le tourisme. À ceux qui assurent que la Croatie ne peut pas miser uniquement sur la trop courte saison d’été, Bernard Ivčić rétorque que le pays devrait engager sa transition vers une « économie verte ». « Nous ne tirons que 2% de notre énergie électrique du soleil et du vent. C’est un secteur qui pourrait créer beaucoup d’emplois », explique le responsable de l’ONG Zelena Akija. Les écologistes soulignent en outre que le gouvernement n’a jamais communiqué d’informations sur les bénéfices réels que Zagreb pourrait tirer de l’exploitation des gisements fossiles.

Le village de Perast, dans la baie de Kotor (Monténégro)

Le professeur Dekanić reste prudent. « Il ne faut pas rêver, la Croatie ne va pas devenir une nouvelle Norvège. Au mieux, nous pourrions satisfaire nos propres besoins en gaz naturel et peut-être en pétrole. Le seul vrai avantage, c’est de se trouver à la frontière de l’Union européenne dans une zone géopolitiquement stable ». L’universitaire reconnaît d’ailleurs que la plus grande menace qui pèse désormais sur ce projet tient moins aux mobilisations écologistes qu’à la chute du prix du pétrole, passé d’environ 110 dollars le baril à tout juste 60 en moins d’un an, qui pourrait compromettre la rentabilité des projets croates. « Le contexte économique est loin d’être favorable et, avec les élections législatives qui doivent se tenir à la fin de l’année, tous les partis politiques du pays se trouveront de bonnes raisons de s’ériger en protecteurs de l’environnement pour s’attirer les faveurs des électeurs ».

Source © Jean-Arnault Dérens, Laurent Geslin et Simon Rico / Basta Mag



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